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Juin 2009

 

Témoignage de mon voyage en Espagne

 

En juin dernier, j’ai eu la chance d’assurer le transport de 19 lévriers.

 

Ce transport, initialement prévu en août, a été avancé car malheureusement, le refuge de Pedro Munoz débordait de galgos.

 

Ce surnombre entraînant quotidiennement du stress, des bagarres dont l’issue a déjà été la mort était un véritable problème et est toujours un problème.

 

Au vu de la situation et vu le nombre de galgos adoptés en Belgique, notre présidente a donc pris la décision d’organiser rapidement ce transport.

 

Afin que chaque membre officiel de l’équipe se rende compte sur place de la triste réalité espagnole, elle invite chacun d’entres nous à épauler Philippe, notre chauffeur attitré. Cette fois ci, c’est moi qui ai été choisi.

Je vais donc au mieux vous relater mon ressenti, mes impressions personnelles.

 

                                               _____________

 

            Les dates du transport sont fixées. Nous partirons le jeudi 18 juin pour revenir le dimanche 21. Un voyage de 4 jours pour lequel Jacques, notre vice-président, s’est occupé de louer une camionnette double cabine et un beau van à chevaux.

Super, on allait pouvoir faire les malins en laissant imaginer qu’on allait chercher nos chevaux !

 

Jeudi 18 : Philippe et moi sommes arrivés à Blaton vers 9h00.

Jacques et David (notre webmaster) étaient déjà à l’ouvrage.

Pendant que Jacques s’occupait de charger les dons de nos adhérents, les croquettes récoltées lors de nos journées Tom & Co et bien sûr, les 19 cages pour nos 19 protégés, David, lui, était lancé dans un nettoyage à grande eau du van à chevaux.

Tous ensemble, nous avons terminé le chargement et refermé les portes sur ± 800 kg de croquettes, ± 200 kg de matériel divers et ± 200 kg de cages.

Nous ne pouvions pas charger plus afin de ne pas être en surcharge. Il était inutile de s’attirer des ennuis avec la police et de rencontrer d’éventuels problèmes mécaniques.

 

Après avoir bien mémorisé les recommandations pour l’Espagne données par Dominique, après avoir vérifié une dernière fois notre attelage et les documents de nos protégés, nous nous sommes mis en route.

 

Un voyage de 1700 km commença …

 

Je vous passe les traditionnelles cartes postales de vacances que l’on garde en mémoire lors de nos déplacements familiaux : longs cordons autoroutiers français impeccables, aires de repos irréprochables, architectures, campagnes, cultures, vallées, montagnes et malheureusement, les péages.

Sachez que l’on préférerait franchement consacrer nos euros et les vôtres à nos galgos plutôt qu’aux sociétés autoroutières. Mais bon, avec des « si », on referait le monde …

         Après 22 heures de route sans embûches, le moment que j’attendais le plus est enfin arrivé.

 

         Vendredi 19 : Nous arrivons aux portes du refuge de Pedro Munoz à 11h30. Loli et son mari Juan Antonio nous ont accueilli avec un large sourire et de franches accolades. Nous étions contents de revoir Loli et de faire la connaissance de ses deux assistantes qui travaillent quotidiennement avec elle. Pour éviter les fortes chaleurs de l’après-midi et sans prendre une minute de repos, nous nous sommes empressés de décharger l’attelage et de ranger l’ensemble des dons et croquettes dans la réserve du refuge. Il faut dire que la température était déjà de 32 degrés en ce tout début d’après-midi quand nous avons terminé le déchargement. Lors de la visite du refuge, j’ai particulièrement été impressionné par sa cour intérieure, ses quelques logettes, ses quelques espaces de protection constitués de vieilles portes. Je me suis très vite rendu compte de son immense besoin en matière d’infrastructures. Un exemple, la cour intérieure c’est-à-dire le seul endroit de détente pour les chiens est toujours en terre battue. Cela veut dire qu’à chaque nettoyage des logettes ou, tout simplement, à chaque pluie fréquente en hiver, l’espace devient vite un véritable bourbier où il est difficile de garder un minimum d’hygiène. Le refuge ne recevant que très très peu de subsides de la mairie, des deniers privés ont été investis mais ceux-ci ne suffisent évidemment pas.

 

Vers 15h00, Juan Antonio nous invite à prendre possession de notre chambre pour y prendre une bonne douche. Quel bonheur de faire un brin de toilette ! Je pense qu’après 22 heures de route, on devait vraiment ressembler à deux ours mal léchés ! Un détail, la température était de 37 degrés à ce moment de la journée.

 

Nuria nous a rejoint vers 16h00 pour dîner. Et oui, nous sommes en Espagne où les habitants n’ont pas notre rythme de vie !

 

Une fois de retour au refuge, nous avons rencontré une galga avec ses chiots. Celle-ci errait depuis des mois dans la région en compagnie d’un beau galgo brun. Evidemment, de cette idylle, sont nés six magnifiques chiots (trois galgos et trois galgas). Le refuge a pris rapidement en charge cette petite famille pour éviter la maltraitance des bambins par des personnes malintentionnées.

 

Fin d’après-midi, une bagarre entre un galgo et un autre chien a malheureusement éclaté. Le galgo en a été « salement » mordu. Loli nous informe qu’il s’est fait attaquer deux fois en moins d’une semaine. Ce galgo, nous le connaissons bien. Il s’appelle Benjamin. Il est magnifique et très joueur. Il veut sans cesse se distraire avec les autres au détriment de sa propre sécurité. Il était proposé à l’adoption en Espagne sur notre site depuis le printemps. Je dis « était » car aujourd’hui, il est en famille d’accueil en Belgique. Suite à cet incident, j’ai immédiatement téléphoné à Dominique pour lui relater les faits. Sans aucunes hésitations, elle a décidé qu’il ferait partie du convoi si même il n’était pas adopté. Cette démarche nous éviterait d’apprendre une nouvelle plus triste sur son sort …

 

         Un peu plus tard, un vignoble nous signale la découverte d’un cadavre de galgo dans une ruine, au milieu des vignes. Immédiatement, Nuria, Juan Antonio, Philippe et moi nous rendons sur les lieux. Quel triste spectacle de voir ce pauvre chien jeté dans un casier de plastique et déjà en état de décomposition. De plus, son pelage était le même que celui de mon galgo Sébastian. Une bouffée de rage m’envahit et une grosse colère résonne au milieu des vignes à cause d’un sinistre imbécile. Juan Antonio me dit que, tristement, c’est trop souvent leur quotidien, leur calvaire. (voir cette page)

 

         C’est aux alentours de 18h00 que nous sommes rentrés à l’hôtel pour enfin dormir. Effectivement, après un rapide calcul, Philippe et moi étions debout depuis plus de 36 heures. Fatigués mais heureux, nous avons rejoint les bras de Morphée. A cette heure, la température était de 40,5 degrés !

 

         Samedi 20 : Nous sommes arrivés au refuge vers 9h00 pour préparer le chargement. Suite à l’expérience de la veille sous la chaleur, nous voulions partir tôt. Plus vite nous étions dans le Nord, plus vite nos protégés enfermés dans leur cage aussi bien dans la camionnette que dans le van auraient meilleur. En 2h30, les 19 galgos étaient chargés et nous étions prêts à reprendre la route.

Je me suis mis en tête de faire un dernier « au revoir ». C’est à ce moment là que j’ai croisé le regard d’un magnifique galgo qui se trouvait au milieu de la cour. Son regard criait son désespoir de voir que je partais sans lui. Un galgo qui avait compris que cette fois encore, il ne ferait pas partie du voyage. C’est la mort dans l’âme que j’ai détourné les yeux car nous n’avions pas de place pour lui cette fois ci. C’est une image qui restera gravée à jamais dans ma mémoire. Au moment où je vous écris, je ne souhaite qu’une chose, lui trouver rapidement une famille en Belgique pour lire dans ses yeux un autre message, y lire un « merci ».

 

         Après de chaleureuses embrassades et de multiples promesses, nous avons pris la route. Je ne cesse de regarder par le rétroviseur le refuge qui s’éloigne. A ce moment, je me suis fait la promesse de revenir pour encore et encore aider.

 

         Je n’ai pas su prononcer le moindre mot avant une bonne heure tellement mes sentiments, mes idées s’entrechoquaient.

 

         Le voyage du retour s’est déroulé sans le moindre problème.

Nous avions décidé de rouler 300 km sans interruptions afin de rejoindre le nord de Madrid le plus rapidement possible. Il y faisait moins chaud pour nos chiens. Mais après seulement 100 km, les écuelles placées précautionneusement dans les cages étaient vides ! Nos protégés haletaient sur un rythme incroyable. Nous nous sommes arrêtés mais pas moyen de trouver un peu d’ombre sous un arbre car il n’y en a pas sous cette latitude. C’est donc en plein soleil que nous avons rempli d’eau chaque écuelle. Après la traversée de Madrid, la température était devenue rapidement supportable pour tout le monde.

 

         Nous avons mis 24 heures pour remonter en ayant fait de multiples arrêts de contrôle sanitaire pour notre cargaison.

Ah oui, j’oubliais. Le petit Victor, jeune chiot de 3 mois qui voyageait en toute sécurité et en première classe avec nous dans la cabine de pilotage, a été particulièrement gâté. C’est que monsieur Victor a reçu des bonbons, des morceaux de poulet, du fromage, … . De plus, lors de nos haltes, il se permettait de rouspéter en pleine nuit à en éveiller les routiers qui dormaient dans leur bahut. On a dû vite choisir des endroits retirés des transporteurs pour que monsieur puisse faire tout le bruit qu’il voulait ! Enfin, on peut dire que celui-là n’a pas du tout souffert du voyage.

Le reste de la meute a dormi tout le trajet, sans jamais montrer le moindre signe d’impatience.

 

         Le lévrier est un chien incroyable. Faites subir 24 heures de route sous la chaleur à d’autres races et constatez le résultat … . C’est sûrement cette grande gentillesse qui « autorise » leur cher maître espagnol à leurs faire subir toutes les atrocités malheureusement connues.

 

         Enfin, Blaton, la ville de la liberté se rapproche. Toute l’équipe nous attend avec impatience. Pour preuve, quatre coups de téléphone en moins de 30 minutes pour connaître notre position géographique. Il faut dire que parcourir 3370 km en 3 jours et avoir un GPS qui perd la boule à seulement 30 km du but à le don d’en énerver plus d’un !

 

C’est sous les applaudissements et les cris de joie que nous sommes accueillis. Une fois entré dans la cour, nous n’avions même plus la force de garer correctement la camionnette et son van. Après avoir embrassé nos proches, le déchargement pouvait commencer. Nos chers galgos pouvaient enfin se dégourdir les pattes.

 

Tour à tour, chaque adoptant est venu chercher son nouveau compagnon. Il vous faut savoir que pendant que les chauffeurs assuraient le transport, le restant de l’équipe avait organisé la journée d’adoption comme d’accoutumée. Une organisation qui s’avère indispensable non seulement pour éviter un stress supplémentaire aux galgos mais en plus, pour vous éviter de trop longues attentes administratives. Chacun d’entres nous a donc trouvé naturellement sa place pour assurer au mieux cette magnifique journée.

 

C’est vers ± 18h00 que notre dernier protégé nous quittait pour rejoindre sa nouvelle famille. A ce moment précis, un sentiment de satisfaction m’a envahi. En voyant le départ de nos héros du jour, nous récoltions tous le fruit de nos efforts. Nous recevions la récompense de notre travail fourni tout au long de l’année. Notre partie de boulot étant terminée, nos adoptants bienheureux et responsables pouvaient prendre le relais.

 

Après avoir dormi 14 heures sur 86, Philippe et moi pouvions enfin relâcher la pression et rentrer.

 

Je terminerai en disant que j’ai vécu une expérience extraordinaire que je n’oublierai jamais. Je l’ai vécue avec quelqu’un d’humainement au-dessus de la mêlée. Je parle évidemment de mon coéquipier Philippe.

 

Un grand merci à l’ensemble des personnes qui m’ont permis d’accomplir cette mission.

 

 

Michel

 

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