Poèmes

Je m'en souviens parce qu'il faisait beau.
Parce qu'il faisait chaud.
Aussi dans leurs cœurs.

Parce que sans le savoir, je vivais les premiers instants du reste de ma vie.
Celle dans laquelle je saurais me réjouir et battre de la queue, Ô oui je peux !
Celle où tout deviendrait ludique et doux.
Celle où je pourrais fermer les yeux sans châtiment,
En me laissant bercer par leurs mains qui m'aiment fort,
Leurs yeux qui me veillent,

Il m'en a fallu du temps pour me poser sans crainte ;
pour concevoir que jamais plus je n'aurais faim ;
pour envisager que les chats ne sont pas des proies ;
pour m'habituer à la vie de château, où les chevaux sont châtelains ;
et pour goûter au vrai bonheur sans fin, dans cette nouvelle vie qui m'appartient !

Le chant des galgos

Ils ont...

Le corps fuseau horaire
Des heures qui coulent
Avec leur sang

Les côtes saillantes
Arcs-en-ciel
Des chemins d'infortune

Le cou lancé en avant
Interrogation
Entre deux distances

Le tronc souple et mobile
Qui plie
Mais ne rompt pas

La démarche d'azur
D'un cheval
Qui se cabre

La queue-fouet
Du pardon
Pour caresser le vide

Le nez fin au long cours
Chasseur de lièvres
Et de vents

Les coussinets
Tendus
Vers l'errance féline

La peau du ventre
Tambour
Que martèlent nos mains

L'oreille feuille de rose
Au parfum
De nos cœurs

Les yeux d'amande douce
Pour assouplir
Nos regards

Et quand ils nous observent...

C'est plus qu'un soleil jaune
C'est une ombre andalouse
Un voile de velours

Le reflet silencieux
De la honte passée

Ils ont...

La survie de l'instinct
De nous aimer
Envers et contre tout

.... Les galgos.

Lydie Remels